LES ACTES DE SAINT POLYEUCTE

( L'an de Jésus Christ 259)

fêté le 9 janvier

Au temps des empereurs Décius et Valérien, vivaient dans les contrées orientales deux hommes de guerre, Néarque et Polyeucte, que les liens de l'amitié unissaient plus étroitement que si la naissance eût établi entre eux les liens du sang et de la parenté. En effet, leurs âmes étaient liées par une si vive affection mutuelle et par un accord si parfait, que chacun d'eux croyait vivre et respirer dans le corps de son ami. Néarque était un chrétien remarquable par sa foi et sa piété; mais le noble Polyeucte était gentil, et n'avait pas encore été illuminé de la splendeur de la vérité. Du reste, s'il n'avait pas encore les dehors du christianisme, il en possédait l'esprit, et s'appliquait à orner son âme de toutes les vertus; c'était un olivier fécond auquel il ne manquait plus que d'être planté dans la maison de Dieu.
Mais comme Décius et Valérien ne faisaient pas de l'empire le bon usage qu'ils auraient dû, et que, au lieu de reconnaître et d'honorer celui qui le leur avait conféré, ils osaient même lever contre lui une main impie et sacrilège, non pas seulement en le reniant et le rejetant, mais encore en excitant par des édits publics tous leurs sujets à imiter leur exemple, et en employant toute sorte de moyens pour les éloigner de la connaissance de Dieu. Ils allèrent même, ô douleur! jusqu'à substituer, à la place du vrai Dieu, des dieux faux et vains, et à contraindre les habitants de l'empire à rendre les honneurs divins à des simulacres encore plus dépourvus de sentiment que la pierre et le bois. Tout étant donc ainsi réglé, on publia qu'on allait décerner des supplices et des récompenses — c'est-à-dire, à ceux qui obéissaient aux édits, des honneurs, des largesses et de l'argent; et à ceux qui refuseraient de se soumettre, des menaces, des châtiments, enfin la mort.
Néarque alors craignit pour son ami, et il se persuada que la diversité de culte allait amener la rupture de leur amitié. Cette pensée, qui l'occupait fortement, ne put se concentrer dans son esprit, et on remarqua bientôt quĠintérieurement il était fort agité et accablé de cruelles angoisses, et que probablement il pleurait en secret son ami. Le très excellent Polyeucte, voyant donc Néarque en cet état, et songeant qu'il était vivement pressé par l'amertume d'un profond chagrin et livré à de douloureux gémissements, s'approcha de lui amicalement pour l'interroger; car il désirait savoir pour quel motif Néarque était ainsi affligé, et lui-même il éprouvait une vive peine en remarquant la violente contrainte de son ami. Celui-ci, apercevant Polyeucte, s'efforça de dissimuler lĠangoisse qui l'oppressait; mais ses yeux remplis de larmes le trahirent. Il voulait parler, et témoignait à son ami qu'il ne pouvait rien lui cacher, mais quĠil avait cependant un motif de garder le silence, malgré le désir qu'il éprouvait de lui tout expliquer; qu'en cela enfin il ne lui était pas possible de jouir de la consolation que lui procurerait l'amitié. Mais Polyeucte ne lui en faisait que de plus vives instances, le suppliant de lui révéler son secret; il lui reprochait même de faire si peu de cas de son amitié, ajoutant qu'il voyait bien que l'affection qu'il avait coutume de lui témoigner n'était plus la même. «Est-ce que nous t'avons offensé en quelque chose ? lui dit-il. Quel chagrin t'avons-nous causé ? Qu'a-t-il pu survenir de si atroce qui ait ainsi fermé à ton Polyeucte toute voie de pardon ?» Comme il parlait ainsi, tourmenté par une cruelle anxiété, Néarque n'y put tenir davantage, et, gagné par les larmes, puis faisant éclater par un profond soupir la flamme intérieure qui dévorait son cÏur : «Cher ami, lui dit-il, c'est parce que je réfléchis sur une prochaine séparation, qui mettra fin à notre, mutuelle et si douce amitié, que mon âme est présentement accablée de tant de tristesse.» Polyeucte, entendant ce discours, se sentit le cÏur comme foudroyé, et il s'écria : «Que dis-tu là, Néarque ? Comment et à quoi bon des paroles aussi inattendues ? Et d'où nous pourrait provenir cette séparation, que la mort même, nous en sommes convenus, ne saurait opérer ?» Néarque lui répondit : «C'est pourtant cela, ô ami si cher, qui va me suffoquer et qui oppresse ma poitrine; c'est que cette séparation, que là mort n'aurait pu faire, va cependant avoir lieu; et cette pensée me consterne.»
Polyeucte, ne pouvant encore entrevoir où tendaient de tels discours, soudain se lève, embrasse son ami, et le tenant étroitement serré, lui dit : «Mais dis-moi, Néarque, parle clairement; explique-moi comment doit se faire cette séparation; car je ne puis plus supporter cette réserve si peu amicale. Sinon tu vas me voir tout à l'heure, moi ton Polyeucte, étendu par terre sans vie.» Néarque aussi semblait vouloir parler; mais l'agitation de son esprit l'empêchait de remuer la langue; seulement, on le voyait triste et troublé : il regardait fixement son ami, et tout en lui dénotait une âme en proie au plus violent chagrin. Voyant donc Polyeucte, plongé à son tour dans l'affliction et l'abattement, tomber par terre et déjà entièrement surmonté par la douleur, il ne put se contenir plus longtemps et s'écria : «C'est cet édit de l'empereur, ô très cher Polyeucte, qui va nous séparer et briser notre mutuelle affection.» Le très sage Polyeucte, à ces paroles, conjectura aussitôt ce qu'elles signifiaient, et il lui vint en pensée qu'on allait les examiner tous les deux sur la disparité de leur religion, et que la sévérité des princes les forcerait à se séparer.
Mais à lĠinstant une pensée plus digne de Dieu releva son
esprit abattu; car repassant en sa mémoire une vision quĠil avait eue, et jugeant qu'elle était adaptée à la circonstance présente, il se sentit aussitôt pénétré de joie et d'allégresse; puis il s'empressa de faire part de cette vision à son ami, et lui dit : «Il y a quelque chose, Néarque, qui empêchera cette séparation de s'exécuter prochainement; car j'ai vu le Christ que tu adores s'approcher de moi, me dépouiller de ce méchant habit qui me couvre, et me revêtir d'un vêtement précieux. Qui pourrait dire sa beauté et son éclat ! Il le fixa sur mes épaules avec une agrafe d'or; puis il me donna un cheval ailé.» Telle était la vision quĠavait eue le divin Polyeucte : il ne la racontait point par vanité, mais parce qu'elle exprimait ce qui allait arriver. En effet, l'échange d'un méchant vêtement pour un meilleur eut lieu lorsquĠil passa de la milice terrestre dans lĠarmée des célestes et divins soldats, d'où il fut tiré pour être admis dans le chÏur des martyrs. Et ce cheval ailé, que pouvait-il signifier autre chose que sa prompte ascension de la terre au ciel ?
Néarque, entendant ces choses, tressaillit de joie, et dans son allégresse il lui dit : «Connais-tu le Christ ? ce Christ, Polyeucte, qui est vraiment Dieu ?» Polyeucte lui répondit : «Quand aurais-je pu L'ignorer ? Est-ce que, quand tu parlais de lui, mon âme n'était pas saisie de crainte ? est-ce que, à la lecture que tu faisais de ses discours, je nĠétais pas ravi d'admiration ? Il ne me manquait plus que le nom, puisque j'étais déjà chrétien par sentiment, et que je me disposais à m'enrôler au service du Seigneur Christ, disant dès lors un éternel adieu à l'idolâtrie des faux dieux. Que faisons-nous donc, ô Néarque ? Pourquoi ne faisons-nous pas une publique déclaration de notre foi au Christ.» Néarque accepta avec plaisir cette proposition, et comme se mettant tout à découvert, il lui dit : «Mais ni pour moi non plus, Polyeucte, les richesses, la gloire, ni aucune dignité militaire, enfin aucune chose de ce monde, ne sont préférables à la vie qui est dans le Christ. Et c'est celle-là seulement que j'ambitionne; tout le reste, je le regarde comme vil et de nul prix.» Le divin Polyeucte, comme s'il eût voulu sonder ses sentiments, lui dit ensuite : «Mais quoi ! n'aimes-tu pas cette dignité dont tu jouis déJà ?» Néarque, pensant que cette question était faite par son ami tout naturellement, et non pour l'éprouver, lui répondit : «Il me semble, Polyeucte, que tu ignores et la dignité véritable qui est dans le Christ, et cette gloire et cette béatitude qui sont pareillement en Lui , et quĠaucun temps ne terminera jamais.» C'est ainsi que, dans ces colloques familiers, ils se découvraient mutuellement le fond de leur âme
Mais Polyeucte, désirant adresser quelques mots agréables
et gracieux a son ami, lui dit : «Tu m'as soupçonné d'ignorer cette gloire et cette béatitude qui sont dans le Christ; mais il me semble, Néarque, que je suis plus avancé que toi, et que j'ai déjà reçu par une révélation comme tu le sais maintenant, la royale et céleste chlamyde. Malgré cela, je veux que tu m'instruises sur quelque point de la vie de l'esprit. Je crains que, si je m'approche du Sauveur sans expiation et sans avoir reçu les mystères, je ne sois pas agréable à ses yeux, ni digne d'être admis au nombre de ses soldats.» Néarque, entendant ces paroles, se leva soudain, et animé d'un zèle fervent, il se mit à consoler son ami, et à le disposer plus immédiatement à la foi du Christ, lui disant : «N'aie aucune inquiétude sur cela, ô tendre ami; car il est écrit que Dieu peut de ces pierres mêmes donner des enfants à Abraham. Ce qui ne veut dire autre chose, sinon que les gentils eux-mêmes peuvent être sauvés d'une manière inespérée, et devenir ainsi les soldats du Christ. Car la porte du ciel est ouverte à qui que ce soit, et l'entrée du salut n'est fermée à personne. C'est pourquoi celui qui croit recevra une grande récompense de ce qui semblait ne devoir lui en procurer qu'une médiocre; car une récompense égale attend ceux qui sont allés travaille à la vigne à la première heure, ou à la troisième, à la sixième ou à la neuvième; de sorte que, bien que tu sois venu tard, tu sera néanmoins récompensé comme les premiers.» À ces paroles le divin Polyeucte, comme si un souvenir se fût présenté à son esprit, Iui dit : «Il est très vrai, cher Néarque, que je nĠentendis un jour lire à voix basse quelque chose de semblable dans la divine Écriture : savoir, comment le Christ, en distribuant les récompenses, honorera ceux qui nĠauront travaillé quĠune heure, de la même manière que ceux qui auront porté toute la chaleur du jour. — Si tu veux des choses merveilleuses, lui repartit Néarque, tu en trouveras de nombreux exemples. Le larron qui fut crucifié avec le Christ, encore qu'il fût chargé de beaucoup de crimes, obtint cependant très promptement, et pour une simple et courte parole, la récompense qui s'accorde aux mérites : il parvint ainsi avec une grande facilité au paradis, lequel ne s'obtient qu'avec beaucoup de sueurs; car un peu de foi peut transporter jusqu'à des montagnes.»
Le divin Polyeucte, entendant ce discours, sentit renaître sa confiance, et comme s'il eût déjà oublié tous les objets terrestres, il dit à Néarque : «Promettons-nous mutuellement que nous obéirons constamment à tous tes commandements, quels qu'ils soient; car, pour moi, j'ai renoncé désormais aux choses humaines. Tout cela nous manifeste clairement que quelqu'un de nous doit subir le martyre pour le Christ; et sans aucun doute la divine clémence du Seigneur l'a disposé ainsi. Je me représente par la pensée tout ce qu'il y a de beau dans le ciel comme si je le voyais présent devant moi : je vois le Christ devant mes yeux, et mon visage est illuminé par l'éclat de cette vision. Mais il est temps que nous lisions l'édit impie des empereurs, afin que nous sachions bien ce qu'il exige de nous.» Il parla ainsi, puis il saisit l'édit; en le lisant il le couvrait de crachats, et après il le déchira en mille morceaux qu'il jeta au vent.
Se retournant ensuite, il aperçoit que l'on transporte les idoles qui allaient être placées sur les autels, pour y recevoir les adoration des insensés. Ce spectacle excite en lui un rire de pitié et de mépris. Cependant il feint de s'approcher de l'autel d'un air calme. Y étant arrivé, il prend chacune des idoles les unes après les autres, les brise contre terre et le réduit en poussière. Cette action attira sur les lieux son beau-père Félix, qui avait été chargé par les empereurs de diriger la persécution. Voyant ce que Polyeucte venait de faire il en fut outré. «Hélas ! s'écriait-il, Félix va être désormais sans enfants; moi qui à cause d'eux jouissais d'une si grande considération, me voilà subitement devenu malheureux par leur perte. Personne, ni hommes ni divinités, ne saurait prendre en pitié Polyeucte, qui a poussé, l'audace jusqu'à briser nos dieux.» À cela le divin Polyeucte, devenu plus hardi depuis l'action qu'il venait de faire, répondit : «Maintenant que je les ai méprisés de la sorte, je vois combien en réalité ils sont faibles et impuissants. Si tu as d'autres dieux, qu'on les apporte aussi; et par là tu verras comment, nous les serviteurs du Christ , nous avons le pouvoir dĠhumilier les idoles.»
Félix, touché d'une humaine affection et d'une compassion très sensible envers le saint, lui parla ainsi : «Polyeucte , consens du moins à vivre jusqu'à ce que tu aies vu ton épouse.» «Et comment, répondit le saint, me mettrais-je encore en peine d'une épouse et des enfants, moi qui ai rejeté tout soin des choses humaines, pour n'occuper mon esprit que des biens célestes et incorruptibles ? Pour ta fille, si elle veut me suivre, cette même pensée et cette intention la rendront heureuse; sinon, elle périra malheureuse avec tes dieux.» À ces paroles, Félix versa d'abondantes larmes; car il avait perdu tout espoir. Étant donc doublement aveuglé, tant à cause de ce découragement qui l'accablait, qu'à cause de son zèle insensé pour les idoles, il proféra ces paroles, tout à fait dignes de ses épaisses ténèbres et de sa démence : «Malheur à moi ! toi aussi, Polyeucte, l'art magique du Christ t'a précipité dans lĠerreur.» Le martyr lui répondit avec autant de prudence que de générosité : «Non, j'en atteste les saints combats des martyrs, non, dis-je, je ne le nierai pas, c'est par le Christ que j'ai été appelé à la connaissance de la vérité. C'est Lui effectivement qui, par sa grâce bienfaisante, a daigné attirer doucement mon âme, qui l'a conduite des ténèbres à la lumière, de l'erreur à la vérité, et qui m'a rendu digne d'être son soldat et d'en porter le nom.»
Comme il parlait ainsi, ceux qui persécutaient les saints s'approchèrent, et se saisissant de la personne du martyr, ils le frappaient à la bouche; car ils sentaient la vérité des reproches qu'il leur adressait ainsi publiquement; ils en étaient furieux, et leurs oreilles impies ne pouvaient supporter la force de la vérité. Mais le généreux Polyeucte se mettait peu en peine de ces coups; car il voyait près de lui le Christ qui avait souffert pour lui, et avec ce refuge assuré il méprisait tous les maux qu'on pouvait lui faire endurer, même les fouets dont on menaçait son corps.
Mais il allait avoir à lutter contre une autre épreuve; car son beau-père et sa femme s'étant présentés en répandant des larmes et en proie à la plus vive douleur, Satan dédoublait d'efforts pour abattre ses forces et son courage. Mais le martyr, qui n'ignorait pas les embûches diaboliques, se redressait dans toute sa fermeté, et opposa ainsi, à l'émotion que lui causa d'abord la vue de leurs larmes, toute l'énergie de sa foi; puis il parla ainsi à son beau-père d'un ton grave et pénétrant : «Esclave de profanes idoles, pourquoi donc, par tes larmes insidieuses et par celles de mon épouse, cherches-tu à me faire renoncer à la confession de ma foi dans le Christ ? Et pourquoi pleures-tu Polyeucte ? Tu devrais bien plutôt te pleurer toi-même et te lamenter, en songeant que, après avoir temporellement servi des princes qui doivent bientôt périr, tu seras livré à un feu éternel.» C'est ainsi qu'il parla à son beau-père Félix. Regardant ensuite sa femme Pauline, qui pleurait amèrement et lui disait : «Que t'est-il donc arrivé, Polyeucte ? par quelle tromperie as-tu été induit à briser nos douze dieux ?» Le saint sourit doucement, et dit : «Si à moi seul j'ai vaincu et brise les douze dieux, te voilà maintenant complètement privée de divinités. Courage donc, Pauline, écoute-moi, je t'enseignerai la connaissance du vrai Dieu; hâte-toi de l'adorer, et d'échanger cette courte vie pour une autre qui est éternelle.»
Durant cet entretien, les persécuteurs voyant avec dépit que l'exemple de Polyeucte convertissait à la foi chrétienne un grand nombre de gentils, se réunirent tous, et, tantôt par des promesses, tantôt par des menaces, ils s'efforçaient de persuader au saint de renoncer à sa religion. Mais, comme c'était chose peu aisée dans l'exécution et pleine de difficultés, et qu'il n'apparaissait nulle espérance d'en venir a bout, ils portèrent contre lui une sentence qui le condamnait à périr par le glaive. Lorsqu'on en eut porté la nouvelle à Polyeucte, on n'aperçut en lui rien de triste ou de chagrin; il ne laissa
paraître aucune faiblesse, il ne proféra aucune parole de bassesse, et ne parut même pas ému. Quel autre que lui n'eût succombé, jouissant aussi agréablement que lui des douceurs et du charme de la vie ? Mais le saint, comme s'il passait des ténèbres et de l'affliction à la gloire et aux délices, laissait paraître une grande joie et toute la gaieté de son
âme, comme quelqu'un qui commencerait déjà à jouir de la béatitude qui est au ciel. Il répondait à ceux qui étaient présents : «J'ai vu un jeune homme tout céleste s'approcher de moi, m'adresser la parole et m'engager en toute manière à oublier les choses terrestres.»
Mais qui pourrait, ô divin Polyeucte, proférer un éloge qui soit digne de toi ? Tu allais mourir, et recevoir dans ton sang le divin baptême et le signe du Christ. Ô âme généreuse ! tu n'as pas pour cela oublié l'amitié de Néarque; mais l'ayant aperçu : «Va, Néarque, lui dis-tu, et souviens-toi de notre alliance.» Laissant cette parole à ton généreux ami, comme le dernier don de lĠamitié, tu cours vers le glaive; et par son tranchant, tu reçois joyeusement la mort.
Le divin Polyeucte ayant donc terminé, sa vie en cette manière, les frères qui étaient présents s'empressèrent de déposer son saint corps à Mélitrice, ville de l'Arménie, et méritèrent à leur tour l'éternel héritage. Or il s'écoula quatre jours entre la mort de Polyeucte et la déposition de son corps; Néarque était présent aussi; il prit du sang du martyr son ami, le reçut sur un linge fin, et le porta dans la ville de Cananéote, à qui il donna ainsi un précieux héritage.